23 mars 1944

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Autre copie : 23 mars 1944 (3).

Archives départementales de Meurthe-et-Moselle. — WM 315. — P. 1, 2.

GENDARMERIE NATIONALE.

LEGION DE NANCY.

Compagnie de MEURTHE ET MOSELLE.

Section de BRIEY.

No 20/4

CABINET DU PREFET DELEGUE

27 MARS 1944

BRIEY, le 23 Mars 1944

RAPPORT

du Capitaine DUVAL, Commandant la Section de Gendarmerie de BRIEY, sur un acte de sabotage.

REFERENCE : Art[icle] 53 du Décret Organique du 20 Mai 1903.

Le 22 Mars 1944, entre 1 heure 25 et 1 heure 50, la Mine de PIENNES à JOUDREVILLE, dite Mine du Nord-Est, a été l’objet d’un acte de sabotage.

Une douzaine d’individus, dont la majeure partie était masquée ont pénétré sur le carreau de la mine. Ces individus, armés de mitraillettes, de pistolets et de grenades, ont fait irruption dans le bureau de pointage dans lequel se trouvait le garde de nuit.

Après avoir menacé ce dernier de leurs armes, ils lui ont ligoté les mains derrière le dos. Pendant de que deux de ces terroristes assuraient la surveillance du gardien, les autres se rendaient aux deux puits d’extraction de la mine. Quelques[-]uns d’entre eux tenaient en respect à l’aide de leurs armes les quelques ouvriers préposés à la recette du minerai, pendant que le reste de ces individus leur liait les mains derrière le dos, puis poussait trois wagonnets vides dans le puits n° 2 à la hauteur de l’étage situé à 12 mètres 50 du sol, et deux wagonnets vides également dans le puits n° 1, depuis la surface du sol. Ces wagons tombaient dans le fond de la mine à une profondeur de 225 mètres, obstr[u]ant les monte-charges et arrêtant l’exploitation pour une durée de 24 heures environ, d’après les dires de l’Ingénieur du fond.

Leur méfait accompli, des terroristes se retiraient sans avoir été inquiétés en emportant la montre d’un ouvrier et un fusil de chasse placé au bureau de pointage et destiné aux équipes chargées d’effectuer des rondes de surveillance la nuit sur le carreau de la mine. Les deux cartouches de cette arme se trouvant dans un tiroir, n’ont pas été emportées avec celle-ci.

Avant de se retirer, les terroristes ont mis hors d’usage trois appareils téléphoniques afférents au service intérieur de la mine et coupé la ligne téléphonique reliant la mine à la poste de PIENNES. Ils ont également enlevé le coupe-circuit permettant de faire fonctionner la sirène donnant l’alerte en cas d’attaque aérienne.

Aucun de ces individus n’a été reconnu par le Garde de nuit ni par les ouvriers de la recette qui se sont trouvés en leur présence. Jusqu’à présent, le signalement de ces terroristes est très vague et n’a pu être relevé les personnes qui les ont vus, soit qu’ils ont bénéficié de la surprise, soit de l’obscurité de la nuit.

Des premiers renseignements recueillis, il semble qu’il y en aurait de toutes les tailles allant de 1 m 60 à 1 m 80. Quant à leurs vêtements, il n’a pas été possible d’obtenir de précisions. Certains d’entre eux portaient semble[-]t-il deux grands manteaux vert foncé comme en sont vêtus les prisonniers russes travaillant dans les mines. La plupart des assaillants parleraient une langue étrangère ou auraient un fort accent étranger en parlant le Français.

DESTINATAIRES :

1o.— CHEF DU GOUVERNEMENT (Direction Générale de la Gendarmerie Section des Territoires Occupés) (Deux exemplaires)

2o.— PREFET REGIONAL DE NANCY.

3o.— PREFET DEPARTEMENTAL DE NANCY.

4o.— GENERAL INSPECTEUR GENERAL DE LA GENDARMERIE DE Z.O.

5o.— GENERAL INSPECTEUR DE LA 4o REGION DE GENDARMERIE.

6o.— SOUS-PREFET DE BRIEY.

7o.— PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE DE BRIEY.

8o.— COMMSSAIRE DIVISIONNAIRE CHEF DU SERVICE REGIONAL DE POLICE DE SURETE.

9o.— COMMSSAIRE CHEF DE SERVICE DEPARTEMENTAL DES RENSEIGNEMENTS GENERAUX.

10o.— COMMANDANT DE LA LEGION.

11o.— COMMANDANT DE COMPAGNIE.

AUTORITE ALLEMANDE :

1o.— SICHERHEITSPOLIZEI KOMMANDO DE NANCY

2o.— FELDKOMMANDANTUR 591 DE NANCY.

3o.— KREISKOMMANDANTUR DE BRIEY.

(Directement sur ordre)