29 novembre 1939

Boris Jouravlоv Русский

RGASPI (Archives d’État d’histoire sociopolitique de la Fédération de Russie) f. 545, op. 6, d. 1546, l. 45.

YOURAVLOV Boris, russe.

Yourav[lov] est né à Batalpachiksk(Caucase) le 12.6.1898. Son père Ilarion (instituteur) est mort. Sa mère doit vivre encore. En tout cas elle vivait, il y a quelques anné[e]s, avec le frère de Boris, Metislav qui est un agronome et Komsomol. Un autre frère à Boris, Yuri, mécanicien, est un contrerévolutionnaire. Boris déclare avoir rompu tout relation avec son frère Yu[r]i depuis 1929 et de n'avoir plus de relations avec sa famille en URSS, depuis 1933.

B. Youravlo[v] est mécanicien et peut même s'occuper en tant que peintre en bâtiment et comme ouvrier textil[e].

Il a fréquenté les écoles professionnelles à Odesse (Cours électrotechnique) pendant trois ans (1913-1916).

En 1916 s'engagea dans l'armée tsariste. En février 1917 il se trouvait au front dans la 37 Brigade d’artillerie (1 Batterie). Il acceptait les idées des socialistes révolutionnaires sans pourtant être membre de ce parti. En décembre 1917 il fut nommé sous-lieutenant et rentra chez lui en permission. Ne monta plus au front. Lors de la révolution d'Octobre, il pensait que les bolc[h]eviques étaient des agents de l'Allemagne. C'est par suite de ces idées qu'il s'engagea en 1918 dans l'armée contrerévolutionnaire. Mais il la quitta trois mois après (nous ne savons pas pourquoi). Il fut tout de même mobilisé. En 1919 Boris Yourav[lov] commença à sentir un certain dégoût pour l'Armée des Blancs et vers la fin de cette même année, il commença à organiser un complot pour s'enfuir à la montagne avec des autres artilleurs et la Batterie. Découvert le complot, Boris fut considéré suspect et mis sous la vigilance d'un officier. Tombé malade de t[y]phus, il parvient aussitôt après à s’enfuir de Crimée en Turquie (Gallipoli). En 1921 il est en Bulgarie. En octobre 1922 il entre dans l'association pour la rapatriation (des russes), à Sofie-Pavlovo. En 1923 il est membre du syndicat du bâtiment à Sofie. En août 1923 il est arrêté et envoyé dans un camp de concentration à Varna (Bulgarie). En septembre, il devait avec les 600 autres enfermés du camp, monter à l'assaut de la Caserne de Matelots qui était tout près du camp, selon les ordres de l'organisation du parti communiste de Varna. Mais le coup fut remis par des contre-ordres reçus. En octobre 1923 sur le bateau "Ala" Boris Your[avlov] et ses camarades du camp furent menés jusqu'à Novorossisk, dans l'espoir que le gouvernement soviétique les auraient acceptés. Rentré à Varna ; en mars 1925 il en est expulsé en Turquie, où en arrivant il est arrêté et emprisonné pendant 4 mois. Juillet 1925 en France, Lyon ; où il entra dans l'Union pour la rapatriation des russes. Membre du Syndicat des métallurgistes et en Novembre 1926 membre du Parti communiste français et membre, plus tard, du comité du groupe des russes du P.C.F. En 1928 il fut expulsé du parti pour se soûler continuellement. Mais il parait que le Comité régional ne ratifia pas cette décision du groupe. En 1929, arrêté dans les usines Guimet à Charlieu sur Saôn[e] et expulsé de France. À Bruxelles il donné la même activité politique et syndical que à Lyon. Il entre dans le P.C. de la Belgique. Il fut, par la suite, élu comme secrétaire du groupe de langue russe du P.C. de la Belgique (russes immigrés, membres du Parti). En cette qualité il participa au V congrès du Parti. Novembre 1932 : arrêté pour activité politique révolutionnaire. 1934, mois de mai, expulsé de la Belgique il va dans la Saar et d'ici à Paris. Mêmes activités politiques. Arrêté et expulsé de France, il parvient tout de même comme des milliers d'autres immigrés de toute nationalité, [de] vivre illégalement en France, Membre du Comité centrale du groupe de langue russe auprès du C.C. du Parti communiste Français.

Depuis 1922 jusqu'à 1935 il a fait de 4 à 5 démarches pour avoir l'autorisation de rentrer en URSS. Mais on lui a toujours répondu négativement, sans donner des e[x]plications.

Ce qu'il a fait en Espagne je l'ai déjà dit dans la note du 25. Ici je veux ajouter quelques autres renseignements sur ce que les camarades responsables ont dit de lui. Le camarade Rojo du P.S.U.C. et le camarade Royce, instructeur du Parti Communiste du XVIII corps d'artillerie, nous ont recom[m][a]ndé Boris en tant que bon communiste. Le comité du Parti du Camp de démobilisation de Cardedeu, nous indiquent B. Youravlo[v], comme militant discipliné et de bonne capacité et avec un esprit de parti très développé. Leur opinion était si favorable qu'ils avaient admis Youravlo[v] dans le Comité du Parti du camp. Sur la base de nos renseignements nous avons considéré la vie en Espagne de Boris Your[avlov] comme positive pour notre cause. Son passé, naturellement, est à contrôler.

29/XI/1939 [Edo]