23 février 1944
Archives départementales de Meurthe-et-Moselle. — WM 315.
MINISTÈRE de L’INTÉRIEUR
POLICE NATIONALE
Brigade Régionale de Police de Sûreté
NANCY
15o Brigade de Police de Sûreté
No 3474
VU & TRANSMIS à Monsieur le Commissaire Divisionnaire Chef de Service Régional de la Police de Sûreté
Le Commissaire Principal
31 MARS 1944
3219
NANCY[, le] 25 MARS [194]4
L’Inspecteur de Police de Sûreté FEVAI Georges à Monsieur le Commissaire Principal, Chef de la Brigade Régionale de Police de Sûreté à NANCY
OBJET : Attentat du poste d'écoute allemand d’Hennemont (Meuse) le 23-2-44 à 3 heures.
REFERENCE : Message téléphonique de la gendarmerie de VERDUN du 24-2-44-17h15.
C.R. en date du 25-2-44 de M. le Juge d’Instruction de Verdun.
J’ai l’honneur de vous rendre compte du résultat de l’enquête effectuée concertant l’attentat commis contre un poste d’écoute allemand le 23-2-1944 à 3 heures.
Ce poste composé de 4 hommes est situé à 1 Km 300 du village d’Hennemont. Il est isolé dans les champs et se trouve entre les villages d’Hennemont, territoire de cette dernière commune et Fresnes en Woëvre.
Ce poste est créé depuis le 26 Janvier 1941. Les constatations concernant cette affaire ne purent être poursuivies sur les lieux de l’agression, attendu qu’aucun civil français ne peut approcher du lieu de l’attentat selon les ordres de l’autorité allemande.
Des renseignements recueillis dans les environs, il résulte que les militaires allemands préposés au poste d’écoute, sont armés de mousquetons et de pistolets de marque française et que par conséquent, à ce point de vue, il est naturel que des munitions et des douilles de cartouches aient été découvertes aux environs immédiats du poste d’écoute, selon les déclarations des gendarmes français de Fresnes en Woëvre qui ont été en rapport, dans cette affaire, avec la Feldgendarmerie de Verdun.
Mes investigations font ressortir également que les sentinelles allemandes de ce poste se livraient à l’exercice de la chasse et l’un d’eux, qui a quitté Hennemont en Août 1943, recherchait particulièrement les munitions françaises, poudre, balles et autres pour chasser le sanglier.
Le soldat blessé, affecté à Hennemont depuis 18 mois, ne semblait pas s'accorder pleinement avec ses camarades qui ne partageaient pas ses idées, selon les renseignements recueillis auprès de la population qui, tout en conservant une attitude correcte à son égard, l’évitait plutôt contrairement à ses camarades du poste.
Les habitants de la région murmurent même que, cet attentat se cantonnerait dans le milieu allemand où régnait une mésentente quotidienne.
Les recherches faites en vue d’identifier les auteurs de cette agression sont restées sans résultat jusqu’à ce jour. Cependant il n’est pas impossible que cet acte ne soit le fait de la bande de terroristes gui exerce son activité dans la région d’Etain (Meuse) et dans le nord du département de la Meurthe et Moselle.
Cette bande, compose en majeure partie, de ressortissants russes, fait l’objet d’actives recherches.
L’Inspecteur de Police de Sûreté,
DESTINATAIRES :
— M. le Juge d’Instruction à Verdun
— M. le Préfet régional (Intendance de Police) NANCY
— M. le Préfet du département de la Meuse — BAR le DUC
— M. le Directeur des Services de Police de Sûreté (6o Section) — VICHY.
— M. Le Commissaire Divisionnaire, Chef de la Délégation de la Direction des Services de Police de Sûreté — PARIS.
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