22 mars 1944

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Autre copie : 22 mars 1944 (4).

Archives départementales de Meurthe-et-Moselle. — WM 322. — P. 1, 2.

MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR

DIRECTION GÉNÉRALE DE LA POLICE NATIONALE

SERVICE DE RENSEIGNEMENTS GENERAUX DE BRIEY

no 465/JN

24 MARS 1944

3.895

ÉTAT FRANÇAIS

BRIEY, le 22 Mars 1944

RAPPORT

OBJET — Attentat terroriste contre une mine de fer.

J’ai l’honneur de vous faire connaitre que des terroristes ont attaqué dans la nuit du 21 au 22 Mars 1944, la mine de PIENNES à JOUDREVILLE, appartenant aux Forges et Aciéries du Nord et de l’Est. Voici les faits :

Le 22 Mars 1944, vers 1 H.25, 15 à 20 terroristes, dont 4 masqués, armés de fusils, mitraillettes, grenades et révolvers ont pénétré dans l’enceinte de la mine. Ils ont ligoté à l’aide de liens, caché-nez, etc…, les deux gardes du pointage, un garde de nuit et 5 hommes sur 8 occupés à la recette.

De plus, ils ont contraint le machiniste à faire descendre une cage dans le puits, à la suite de quoi les terroristes ont jeté trois wagonnets vides à minerai, dans le puits n° 1 et deux dans le puits n° 2.

Leur coup terminé, les terroristes sont partis vers 1 h.50 après avoir emporté un des deux fusils qui se trouvaient au bureau du pointage, la montre et la lampe du garde de nuit, les clés des deux salles des machine, la lampe électrique et la ceinture du machiniste ; ils ont également coupé les fils du téléphone et enlevé le fusible de la sirène d’alerte.

Les hommes de l’entretien qui se trouvaient dans le fond ont pu sortir par le puits de la mine de LANDRES voisine.

Aucun coup de feu n’a été tiré et les dégâts ne sont que matériels.

Le directeur de la mine estime à deux jours l’arrêt de la mine.

Les ouvriers de l’atelier continueront à travailler normalement, tandis que les ouvriers de la régie et de l’abattage seront mis en congé payé.

Il a été recueilli très peu de renseignements sur les terroristes. Leur nombre n’a pu être exactement fixé. On pense cependant qu’ils ont travaillé en 4 ou 5 équipes de 4. Quatre étaient masqués. Un autre était vêtu d’une capote de soldat russe et semble être un prisonnier russe évadé. Tous paraissaient être des étrangers, car les quelques paroles qui ont été prononcées, l’ont été soit en mouvais français, soit en russe. Aucun des terroristes n’a été reconnu par les ouvriers de la mine.

Il semble que quelques un des terroristes soient des services de la mine du Nord–Est, sans doute les quatre qui étaient masqués et n’ont pas voulu être reconnus. Ils devaient en outre connaitre l’emplacement des fusibles de la sirène d’alerte et savoir le fonctionnement de la machine d’extraction.

On juge que ce premier attentat contre une mine de la région n’est qu’un coup d’essai et on peut s’attendre à un renouvellement de ces faits contre d’autres mines ou contre la centrale électrique de LANDRES.

La police allemande, la police de Sûreté et la gendarmerie enquêtent sur les lieux.

Pr. Le COMMISSAIRE de POLICE empêché

L’INSPECTEUR de la POLICE NATIONALE.

DESTINATAIRES

ORIGINAL — M. le DIRECTEUR des Renseignements Généraux à VICHY

COPIES — M. le COMMISSAIRE DIVISIONNAIRE, Chef du Service Régional des Renseignements Généraux à NANCY (2 Exemplaires)

— M. le SOUS-PREFET de BRIEY (2 Exemplaires)

ARCHIVES —