8 mars 1944

Archives de Buffard 8 mars 1944 1 2 Русский

Autres copies : Archives de Buffard (3), 9 mars 1944 (1).

Archives départementales de Meurthe-et-Moselle. — 1739 W 41. — P. 1, 2, 3, 4, 5.

Police de Sûreté

Nancy 8 Mars [194]4

Le Commissaire Divisionnaire, Chef du service Régional de Police de Sûreté à Monsieur le COLONEL, Commandant la 20o Légion de Gendarmerie à NANCY

Vous avez bien voulu me communiquer les rapports No 12/4 et 13/4 des 28 et 29 Février 1944 de Monsieur le Chef d’Escadron, commandant la Compagnie de Gendarmerie de la Meuse, relatifs aux vols à main armée et aux attentats perpétrés récemment dans le Nord-Est de ce département.

Il apparaissait que ces actes de terrorisme étaient l’œuvre de malfaiteurs qui n’avaient pu être localisés, mais dont le repaire se situait dans une partie boisée au centre de laquelle se trouve la ville d’Etain.

Les récentes opérations menées par services à Nancy pour réduire le groupe de terroristes qui en utilisant des explosifs détruisirent notamment la sous-station S.N.C.F. — les machines et outillages du dépôt de la Gare, l’usine de fabrication d’engrenages LEROY a Saint-Max, et des devantures de magasin à Nancy, ont permis de découvrir les archives du parti communiste comprenant une documentation sur l’organisation militaire clandestine et sur l’activité des groupes ayant opéré dans le département de la Haute-Saône.

En outre, plusieurs feuillets dont ci-joint copie recélaient des comptes-rendus de certains attentats commis dans notre Région. C’est ainsi qu’on relève dans le compte-rendu du 1er au 8 Janvier, la relation du déraillement d’un train de marchandises sur ligne Conflans-Jarny-Metz, par le Groupe M.O.I.

Le Compte-rendu du 11 au 25 Janvier, relate deux attentats commis sur voie ferrée, dans la nuit du 11 au 12 Février l’un à Piennes sur un train de minerai, l’autre au cours de la nuit suivante, entre Homécourt et Valleroy lequel a provoqué le déraillement d’un train de marchandises.

Ce document nous fait savoir que les effectifs des saboteurs sont au nombre de 24 dont 13 dans la ville, et 11 dans les bois.

Le groupe des bois s’est déjà installé, il commence la récupération d’armes qui font défaut, ce qui empêche l’installation de nouveaux groupes. Ce qui manque le plus, c’est l’habillement et les chaussures, « car gars pataugent dans la toute la journée ».

Le ravitaillement en tickets d’alimentation est satisfaisant.

Le Compte-rendu du 1 au 12 Février donne des précisions sur les vols de bicyclettes commis dans la région de Braquis-Etain les 6 et 8 Février et sur le déraillement qui été perpétré dans la nuit du 11 au 12 à Arrancy et en cours duquel trois militaires allemands ont trouvé la mort.

D’après ce rapport, c’est le Groupe « Stalingrad » qui a commis ces « actions ». Il a aussi procédé à « l’exécution » d’un traitre.

Les effectifs auraient dû être augmentes de plusieurs unités.

Les indications fournies le P.S. du rapport du 11 au 25 Janvier concernant un déraillement accompli par un seul, le chef d’équipe Jules, (car deux camarades de l’équipe ne se sont pas présentes) permettent de préciser que ce cas a été élucidé au cours de notre enquête et que l’auteur du sabotage a été identifié et arrêté : Il s’agit du nommé DOJLIDA Victor, né le 30-4-1926 à Nowodzioski (Pologne), de nationalité polonaise, ouvrier d’usine, domicilié, 45, rue Petite Fin à Homécourt.

Les deux individus qu’il avait pressentis pou[r] en faire ses complices sont les nommés DOMBROWSKI Casimir, 16 ans, ouvrier d’usine à Homécourt, 24, Cités Nouvelle et THIBUS Yvon, 21 ans, comptable à l’usine de la Marine à Homécourt, qui ont été arrêtés.

Le sabotage dont il s’agit fut exécuté dans la nuit du 12 au 13 Janvier par DOJLIDA et un surnommé « Marcel », non identifié, qui fait l’objet d’une note de recherches.

DOJLIDA étant assez nouveau dans le groupement n’a pu donner aucune précision sur cette organisation dont il ne connaissait que « Marcel » et un autre, surnommé « Le Vieux », également recherché.

Celui-ci dit « Jean-Claude » est le responsable du M.O.I. (Mouvement ouvrier international) de la région Nord de Meurthe-et-Moselle et de la Meuse qui serait accompagné dans ses déplacements de 4 gardes de corps. Il avait proposé à DOJLIDA et au nommé DOMBROWSKI Casimir, né le 26 Mai 1927 à Wicleu (Pologne) ouvrier d’usine à Homécourt, d’exécuter une femme THEATRE, dt. Cité du Paradis, à Auboué parce qu’étant une indicatrice des autorités de Police allemande, et pour ce faire, leur avait remis à chacun revolver. Ils n’en fi[r]ent rien, et quelques jours après rendirent les armes au surnommé « Marcel ».

Passant à l’action, c’est sans doute des éléments de ce groupe des bois qui pour se procurer les armes qu’ils recherchent avec tant d’insistance, se sont attaqués aux deux gendarmes de Billy-Les-Mangiennes, en patrouille a Loison.

J’ai envoyé sur les lieux, le Commissaire de Police et plusieurs inspecteurs de la Section Politique et demande à Monsieur le Lieutenant de Gendarmerie de Montmédy de vouloir bien se trouver aujourd’hui à 9 H. à la Brigade de Billy-S[ous-]Mangiennes, afin de prendre avec mes collaborateurs toutes mesures utiles, en attendant les ordres que vous me donnerez.

Le Commissaire Divisionnaire,


RAPPORT DU 11 JANVIER AU 25 JANVIER 1944

F.T.P. R[.]EST

M.O.I.

ACTIONS. —

I) Dans la nuit du 11 au 12 nous avons manœuvré une aiguille de façon à dévier une locomotive qui rentrée, dans une ligne de garage pour y prendre toute une rame de wagon chargé de minerai. La locomotive ayant été déviée, elle prit en remorque toute une rame de wagon vide qu’elle emporta jusqu’à Baroncourt. Résultat : 24 h. de retard pour le transport du minerai. L’action s’est passée à Piennes (ce travail a été fait par un seul P.)

II) Dans la nuit du 12 au 13, nous avons fait dérailler un train de marchandises entre Homécourt et Valleroy. Résultat 7 wagons détruits, 2 locomotives détruites et 25 wagons endommagés. Arrêt du trafic pendant 48 h. Ils ont pris pour nettoyer la ligne, 300 prisonniers marocains qu’ils ont partagé en 2 équipes de 150. Pendant 2 jours les prisonniers n’ont pas travaillé à la mine.

Effectif : 13 dans la ville, 11 dans les bois.

Le camarade Marcel, matricule 2052 a été déplacé dans une autre région, à cause que gestapo l’a fait appeler à leur bureau, et aussi parce que la Direction, l’avait demandé ailleurs.

Le groupe des bois s’est déjà installé. Il commence par récupération d’armes. Pour faire leur travail, je leur ai donné 3 revolvers du groupe de la ville et s’est pour cela que le groupe de la ville a arrêté son travail. S’est nécessaire que vous nous envoyer des armes et des munitions.

Ravitaillement : La quantité de tickets requis dans la Région a donné le moyen de ravitailler le groupe des bois. Ce qui manque le plus c’est l’habillement et les chaussures car les gars pataugent dans la boue toute la journée. Nous avons la possibilité d’installer de nouveaux groupes dans les bois, mais nous ne pouvons les installer à cause du manque d’armes. Par conséquent nous vous demandons principalement des armes, des armes, des armes !!!

P.S. Dans la 2o Section, le déraillement a été fait par un seul P.

Motif. L’équipe désigné était de 3. 2 camarades ne se sont pas présentés pour le travail, le chef d’équipe Jules a décidé de le faire tout seul.

Observation — S’est un jeune très courageux, seulement il a des défauts et malgré nos observations il néglige la vigilance et sur les questions d’argent il n’est pas régulier.

Samedi soir 22. Il a été arrêté, puis relâché. On ne sait pas le motif. Donc j’enquête pour savoir

M.O.I. R.EST

Du 1o au 12 Février —

ACTIONS — Le 4 — vers 8 heures du soir, le 1o groupe du détachement « Stalingrad » ayant fait une reconnaissance pour objectif militaire a trouvé dans une ferme qui n’acceptait les partisans que pour leur donner à manger, un vélo d’homme tout neuf.

Le 6 — 2 gars du 1o groupe du détachement « Stalingrad » ont fait une sortie pour récupérer 2 vélos. Action faite et repli sans incident.

Le 6 — Nous avons jugé un traitre, ancien membre F.T.P. qui était maintenant en relation avec un capitaine de l’armée Wlazof ainsi que plusieurs officiers. Ce traitre ayant demandé de rentrer dans les rangs des partisans pour nous espionner et nous faire ainsi prendre tous. Nous l’avons jugé et condamné. Action faite en présence du 1o groupe du détachement « Stalingrad » et sous la présidence de Jean-Claude.

Le 8 — 2 gars du détachement « Stalingrad », 1o groupe est sorti pour récupération de vélo. Action faite et repli sans incident.

Le 11 — Dans la nuit du 11 au 12. Le 1o groupe du détachement « Stalingrad » a fait une sortie pour un déraillement à 5 km. de Longuyon. Action très bien réussie. Un train militaire allemand, charge de matériel de guerre et de troupe a déraillé. 12 wagons et la locomotive détruits. 3 boches tués et 10 grièvement blessés. 6 hommes participaient à cette action.

Les renseignements sont provisoires car ils ont été donnés par des voyageurs qui prirent le train, le matin du douze. Le voie était couplement obstruée et le train de voyageurs fit un détour ce qui lui fit faire 2 h. de retard.

Effectif : 11 dans la ville et 14 dans les bois. 2 régional.

Nous manquons toujours d’armement et pour faire travailler les groupes des villes, il nous faut reprendre les armes aux groupes des bois.

Ravitaillement est stationnable, mais nous manquons d’habillement et des chaussures pour ceux des bois.